Hélène Tysman interprète CHOPIN:     4 “Ballades” et          24 “Préludes”

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À l’occasion du Concours “Chopin” de Varsovie (2010), qui a vu de grands noms, dont Martha Argerich, Maurizio Pollini, Vladimir Ashkenazy et Yundi Li, la pianiste française a remporté le “Prix de Distinction” attestant l’excellence de son niveau, aussi bien que le prestige atteint.
Tout au long de la compétition, elle a joué 2 “Ballades” et les 24 “Préludes”.
Après cette expérience inoubliable, elle a enregistré les 2 ouvrages.

En ce qui concerne les “Ballades”, on peut remarquer une différence considérable entre le “coeur” de la 1ère, de la 2ème et de la 4ème, et la manière dont elles se développent. La 3ème représente une exception, en raison de la difficulté moins évidente, aussi bien que pour l’atmosphère joyeuse qui la caractérise.


Le problème: comment conjuguer l’“âme” de ces morceaux (sauf le 3ème) avec des finaux quasiment “inéluctables”?


Apparemment, il n’y a aucune raison.
Hélène a joué la 1ére Ballade d’une manière irreprochable, du point de vue de la technique et de l’interprétation. Elle a su bien “chanter” dans la partie centrale, absolument “séductive”: la mélodie qui se déploie anticipe des émotions intenses. Le final est aussi difficile à jouer, qu’il n’existe pas de mots pour pouvoir le définir.
Et dans les cas que je viens d’évoquer, le souci est toujours le même: il n’y a aucun lien, d’un point de vue logique, entre le “cœur” de chaque Ballade et ce qui en est, après.

La 2ème est très lyrique, douce; comme une “Berceuse” ou une “Barcarolle” (pour citer d’autres œuvres de Chopin). Toutefois, la deuxième partie ressemble (à) une sorte de tempête, qui traverse soudainement les mélodies principales, pour ensuite détruire ce qui avait été créé précédemment.

La 4ème est peut-être la plus aimée: le compositeur communique avec un langage postromantique, préconisant l’“impressionnisme” pianistique de Debussy. Des sonorités évoquant des situations “surréelles” signalent la césure avec le final: il s’agit d’une succession d’accords immatériels. Enfin, on assiste (encore) à une déflagration dont il est presque impossible de comprendre les harmonies et les intentions de Chopin, qui montre, avec ces “Ballades”, une tentative de concevoir de nouveaux styles, d’un point de vue créatif et expressif.


Passons aux “Préludes”.

Il n’est pas du tout facile -dit Hélène- d’atteindre la perfection que ces morceaux requièrent”.
La pianiste pense avoir donné le meilleur d’elle-même, notamment, dans les 12 premiers.


Voyons les plus remarquables.


Le 1er a été joué d’une vitesse particulière, qui se distingue par rapport aux autres: il s’agit d’une introduction, qui donne du “brio” à tous les Préludes qui suivent. Le 5ème essaie de “réveiller” les auditeurs du sommeil, triste et dramatique, du précédent. Ce Prélude a été apprivoisé d’une façon très différente par rapport à la plupart des pianistes qui l’ont abordé: Hélène mélange des moments d’enthousiasme avec de petits ralentissements. Comme s’il y avait -chez Chopin- une volonté de situer le désespoir entre les 2 autres (4ème et 6ème), décidément plus calmes et méditatifs. Le 8ème a été parfaitement restitué, du point de vue de la forme et du contenu. Le 12ème ressemble (à) une marche; le 14ème, à une descente dans l’“enfer”. Dans les deux cas, une perspective de consolation est inexistente. Ensuite, Hélène a joué le 16ème Prélude: techniquement parfait; de la même durée que (la durée) des exécutions de Pogorelich, Yundi Li et Kissin (une minute exacte). Le 22ème Prélude diffère des autres pour la présence de plusieurs octaves (jouées par la main gauche) très rapides et précises: une anticipation de la musique russe (Rachmaninov, Tchaikovsky et Scriabin) pour le ton lugubre et passionné.
Au final, le 24ème -et dernier- Prélude clôt, de manière circulaire, l’unité de l’ouvrage. Ses mélodies sont un mélange parmi: des “Nocturnes” (pour les thèmes évoqués), des “Etudes” (pour des gammes et des arpèges) et au final, sa nature même.


Qu’est-ce qui reste des “Ballades” et des “Préludes”?


“Il y a toujours de la lumière dans les instants les plus sombres” -dit Hélène -: “la 2ème partie des Ballades et les Préludes les plus solennels” -. La pianiste essaie de donner du sens à une interprétation complexe à saisir.
Apparemment, il y aurait une sorte d’“inachevé” -comme le dirait le philosophe Jankélévitch- mais aussi, “ineffable”.
“Inachevé”, c’est le manque d’une unité bien définie. Aucun inachevé dans la musique de Chopin. Ou alors, au contraire, il y en a, dans mes interprétations musicologiques (?)
“Ineffable”, c’est le caractère de la musique de Chopin qui, étant inexpliquable, nous donne des chefs-d’œuvre iouïs.

En dernière analyse, Hélène Tysman a eu le courage de participer au Concours “Chopin”, pendant lequel elle a su faire preuve de talent avec spontanéité et la quête de sa propre sonorité, hors du commun.

En ce sens, je vous invite à la suivre sur son Canal “YouTube”:


https://www.youtube.com/channel/UCVcAoSe7PwpB_uGYsJHHe-g

Stefano Chiesa


News Reporter
Milano, 1990. Laureato magistrale e triennale in Filosofia ("Vita-Salute San Raffaele", 110/110, 2014) con un "Erasmus" di un anno presso l'Université "Paris 1/Panthéon-Sorbonne". Ho lavorato come articolista, content creator e intervistatore per "MilanoSud" (2021), "Melegnano Web TV" (2020/21) e "Aracne TV" (2020). Sono stato finalista premiato al premio "Nabokov" (dicembre 2021). Per ogni altra informazione (libri, critica musicale, conferenze tenute, riconoscimenti letterari), ecco il mio sito: "www.stefanochiesascrittore.it" Grazie :D
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