Hélène Tysman (1982) est sans aucun doute l’une des meilleures pianistes, dans un contexte français et international.
Elle a étudié au “CNSMDP” de Paris avec Pierre-Laurent Aimard et à Vienne, avec Oleg Maisenberg.
Elle a été finaliste au prestigieux “Concours Pianistique International Chopin” (Varsovie, 2010). Dans ce milieu, elle avait peux plus que 25 ans et elle a gagné le “Prix de Distinction”. Elle a également remporté du succès dans d’autres concours: New York Mackenzie Award/IKIF (2012, 1er Prix), Darmstadt International Chopin Piano Competition (2006, 1er Prix) et Fondation Cziffra (2004, “Lauréate”).
Une autre compétition très célèbre à laquelle elle a participé est celle intitulée à Arthur Rubinstein (Tel Aviv, 2011). Dans cette période, elle a demontré (d’avoir) une grande personnalité; notamment, autour du grand répertoire français.
Après ces parutions décisives, elle a commencé sa carrière de concertiste dans le monde entier.
Cela dit, dans quelles interprétations on peut saisir ses aspects pianistiques les plus relevants?
Et puis, quels sont ses caractères les plus remarquables?
Tout d’abord, sa façon extraordinaire de travailler à la qualité de sa sonorité, qui est toujours touchante. Un exemple qui montre clairement le son qu’Hélène a développé, c’est son interprétation du Concerto n.2, Op.21 aussi bien que (de) la Sonate n.2, Op.35 de Chopin. Il s’agit de deux ouvrages qui requièrent une sensibilité non négligeable.
Dans le Concerto, cette musicienne a su démarrer avec un silence total, condition de possibilité pour la création du son: peux de notes “incisives” qui valent une vie consacrée à la musique. Il y a, en plus, une virtuosité étonnante, du début tragique jusqu’à la fin, joyeuse. Dans la Sonate, on retrouve un mélange entre un langage musical très dramatique et un lyrisme intense, même si le final est problématique; presque atonal et disharmonieux. Tysman montre ses capacités techniques tout en donnant beaucoup d’attention à une expression unique: tout cela est clair dans le passage entre “mouvements” (du 1er au 2ème et du 2ème au 3ème), pour ensuite passer au dernier, qui a été nommé -par Chopin même- le “souffle de la mort”. L’atmosphère quasiment métaphysique représente l’absence totale de la vie, avec l’unisson entre les deux mains, qui évoquent le désespoir, ainsi qu’un sens de néant absolu.
Ensuite, concernant Ravel e ses chefs-d’œuvre, on peut affirmer qu’Hélène incarne l’esprit des auteurs français. Comme chez Chopin, le son qui se déploie est remarquable: c’est une synthèse que la pianiste accomplit, à la recherche de l’“esprit de finesse” qui, pour citer le philosophe Pascal, permet de parvenir au sens profond de la réalité des choses.
Dans Gaspard de la nuit et, en particulier, Ondine, ce qui sort du clavier, ce sont des effets poétiques, qui sont exprimés par cette artiste, avec sa capacité de toucher ceux qui l’écoutent, en partageant son vécu profond. Ondine est peut-être le morceau qui exige un haut niveau d’introspection: c’est l’une des qualités qui distinguent cette muscienne des autres.
Dans le Concerto pour la main gauche, émerge une virtuosité extrême; parfois, poussée jusqu’à son paroxysme, dans la mesure où il y a maintes dissonances. Cependant, comme dans d’autres ouvrages (Ondine, Jeux d’eau et Une barque sur l’océan), Ravel semble reproduire des “situations sonores” très proches de l’eau. C’est exactement de cette façon que Tysman respecte la symétrie du thème initial, par rapport au final, où des melodies douces stimulent (à) la réflexion et -encore une fois- témoignent d’un vécu singulier, dans sa sensibilité: celui de la pianiste.
On a abordé deux auteurs (Chopin et Ravel) qui sont sans aucun doute les plus représentatifs de cette artiste, tandis qu’elle s’est consacrée à d’autres compositeurs, aussi (dont Bach, en particulier).
Elle a enregistré plusieurs CDs, dont: “Prisme Bach” (“Klarthe”, 2021), “Maurice RAVEL. Des antiques aux demons”, (“Klarthe”, 2016), “2nd Chopin Festival Hamburg 2019” (“Naxos”, 2019), “Chopin Ballades, Vol.1/2/3” (“OEHMS Classics”- 2010, 2012, 2013), “Chopin Piano Sonata n.2 /24 Préludes (Op.28)” (“OEHMS Classics, 2010), parmi d’autres.
Pour conclure, concernant son succès, elle a reçu plusieurs appréciations par des journaux et des revues très importantes: New York Times, Daily Telegraph et Jan Jreyßig of Liszt Magazine.
Mais ce qui compte, c’est la musique (en) elle-même: la pianiste a des capacités incroyables (à la différence des autres musiciennes/musiciens de sa génération), dans un contexte où la plupart d’entre elles/eux se concentrent sur la virtuosité, au détriment de la qualité du son, dont Tysman est spécialiste. Elle est capable d’émouvoir et de démontrer l’esprit sensible et fragile de Chopin et Ravel. Et, si avec ces derniers, on peut penser à la mort ou se plonger dans l’eau, ces deux auteurs qui caractérisent son repertoire créent la condition sine qua non pour la réflexion autour du sens intime des choses.
De ce point de vue, Hélène sait sensibiliser les âmes de son public.
Stefano Chiesa
Voilà le “Prélude n.16” dont l’exécution et la recherche de l’equilibre parfait entre interprétation et virtuosité rapprochent Hélène Tysman des plus grands participants du Concours “Chopin”, se déroulant à Varsovie tous les 5 ans: (Source de la vidéo: “Chopin Institute”)